Sacrements de Miséricorde, des rendez-vous de Miséricorde
Les sacrements sont des canaux de la Miséricorde de Dieu.
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Un écrivain de la Provence a écrit : « Deux mille ans de miséricorde ont mis la vie chrétienne entre deux gouttes d’huile : au matin du baptême, elle déclôt nos sens et les ouvre aux puissances de la foi ; quand vient le dernier crépuscule, même si la conscience est rouillée c’est l’huile encore (onction des malades) qui nous monte sans grincement à la Toute Lumière ».
De fait, tout au long de notre existence, en cheminant sur les routes sinueuses de notre histoire personnelle, les sacrements nous sont proposés comme des rendez-vous de Miséricorde.
Canaux de la Miséricorde de Dieu, signes de sa bonté, chacun des sept sacrements, vécu dans la foi, dans la confiance, est une rencontre avec Jésus Ressuscité. Le Dimanche de la Miséricorde, - dimanche qui suit Pâques -, l’évangile relate l’expérience de la miséricorde vécue par l’apôtre Thomas. « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. » (Jn 20, 27). Jésus mort sur la Croix et ressuscité se révèle à Thomas qui s’exclame alors : « Mon Seigneur et mon Dieu » (Jn 20, 28). Pour nous, cette expérience passe par les sacrements.
Ces sacrements qui manifestent toute la miséricorde de Dieu sont « des signes efficaces de la grâce, institués par le Christ et confiés à l’Église, par lesquels la vie divine est dispensée » (CEC n° 1131).
A travers les gestes et les paroles mis en œuvre par le ministre ordonné (évêque, prêtre, diacre), Dieu donne sa Vie, sa Miséricorde à profusion, dans chacun des sacrements : le baptême, l’eucharistie, la confirmation, la réconciliation, le mariage, l’ordre, l’onction des malades. Il rejoint ainsi tous les moments importants de la vie humaine. Le sacrement fait ce qu’il dit. La parole produit son effet. « Ils réalisent ce qu’ils représentent », dit saint Thomas d’Aquin, à condition bien sûr que la personne consente à ce don et veuille bien l’accueillir.
Le baptême
Don gratuit de Miséricorde, le baptême est le commencement d’une vie nouvelle. Reçu « pour le pardon des péchés », il nous donne d’être plongés dans la mort et la résurrection de Jésus, d’entrer dans la vie avec Dieu, d’être enfants de Dieu.
La confirmation
Ce sacrement enracine plus profondément dans la vie d’enfant de Dieu. Le confirmé est empli du Saint-Esprit, le feu de la Miséricorde, comme l'ont été les Apôtres le jour de la Pentecôte. Le baptisé, enrichi d’une force spéciale de l’Esprit Saint, est invité à être témoin du Christ, par la parole et par l’action, dans l’Église et dans le monde.
L’eucharistie
L’eucharistie, c’est la Miséricorde en acte. Le Seigneur ressuscité se donne pour la multitude « en rémission des péchés » (Mt 26, 28) et invite à communier à son corps et à son sang.
Vivre l’eucharistie, c’est s’ouvrir à la miséricorde du Christ qui se livre totalement aux hommes. La Miséricorde se répand dans le cœur des hommes qui recevant ce don gratuit de l’Eucharistie sont envoyés au cœur du monde.
Le mariage
Ce sacrement donne une saveur divine à l’amour humain. L’amour divin habite l’amour humain et lui donne de participer à l’amour, à la fidélité de Dieu. Le sacrement du mariage est une source constante de miséricorde, de pardon et de guérison.
Lors de l’échange des consentements, chacun des époux affirme, librement : « Je te promets de te rester fidèle dans le bonheur et dans les épreuves, dans la santé et dans la maladie, pour t'aimer tous les jours de ma vie ».
« Le salut de l’amour se célèbre dans la miséricorde des années ‘passées ensemble’. Le temps n’est-il pas un ‘ami’ de l’amour ? Il lui donne de s’exprimer, de découvrir des tonalités différentes, de goûter une tendresse nouvelle. Don et pardon forment la trace de l’amour partagé en profondeur. Tel est le nouveau sens fort et indissoluble que le sacrement consacre ». (Alain Mattheeuws, s.j., extrait de Se préparer au mariage, F.C. n°1478, 13 au 19 mai 2006, p. 69)
L’Ordre
Le sacrement de l’Ordre a sa source dans la miséricorde infinie de Dieu.
Les évêques, prêtres et diacres - signes vivants de Jésus Pasteur et serviteur - sont appelés et institués pour rendre, par leur ministère, par leur service, la Miséricorde de Dieu accessible et proche de toute personne.
Le sacrement de réconciliation
Le sacrement de réconciliation fait jaillir la source du baptême. Une possibilité de redémarrage est donnée à chacun à travers son histoire.
Dans ce sacrement, Dieu est là qui attend, pour relever celui/celle qui vient vers le Père « riche en Miséricorde » (Ep 2, 4). Dans une démarche de liberté et de vérité, professer/confesser d’abord la Miséricorde de Dieu toujours plus grande que tous les péchés puis reconnaître son péché, sa responsabilité dans ce qui sépare de Dieu, des autres. Et la Miséricorde de Dieu agit. Une vie nouvelle jaillit.
La Miséricorde est non seulement le pardon du pécheur mais l’appel à la sainteté, comme pour St Matthieu. L’évangile évoque Matthieu qui reçoit Jésus, sa Miséricorde, et aussitôt donne un grand repas où viennent en foule les pécheurs et publicains désireux de s'approcher et de rencontrer Jésus 'le Visage de la Miséricorde du Père'.
Le sacrement de réconciliation est missionnaire. La Miséricorde promise, reçue concerne aussi toute l’humanité. En demandant le Pardon, la guérison des plaies, des dommages que la personne a provoqués chez les autres et en soi, comment ne pas prier Dieu « riche en Miséricorde » pour la multitude de frères et de sœurs en humanité qui eux aussi sont atteints par les conséquences du péché, du mal ? Vivifié, changé, relevé par la Miséricorde de Dieu, dans le sacrement de réconciliation, conduit à œuvrer, à rechercher, avec d’autres, le bien des personnes, la paix, la justice, la miséricorde, la réparation, la communion, la sauvegarde de la création…
L’onction des malades
Ce sacrement est le signe de la tendresse et de la miséricorde de Dieu pour les personnes gravement malades. Par l’onction d’huile sur le front, et les mains, la miséricorde de Dieu rejoint corporellement la personne. Ce sacrement donne force, paix, consolation, guérison.
Au moment de la douleur et de la maladie, le malade n’est pas seul. Le prêtre et les personnes présentes au cours de l’onction des malades « représentent en effet toute la communauté chrétienne qui, comme un unique corps, se rassemble autour de celui qui souffre et de sa famille, en nourrissant en eux la foi et l’espérance, et en les soutenant par la prière et la chaleur fraternelle » (Pape François, Audience générale - Rome, 26 février 2014).
Marie-Cécile Dugué